Chaque verre de plus, est un verre de trop.
On a beau l’savoir, on y r’vient quand même.
Les glaçons se sucent, au fond du bistrot,
Jusque tard, le soir, les maux sont les mêmes.
Et face au comptoir, en rangées d’oignons,
Le verre à la main, la parole sage,
Les savants d’un soir, amants du ballon,
Discourent sans fin, un étrange langage.
L’établissement devient Parlement.
Les idées s’animent, les verres se vident,
Propos cohérents, parfois délirants,
Les mines se minent, s’emplissent de rides.
Quand il est trop tard, qu’on n’y voit plus goutte,
La porte se ferme, jusqu’au lendemain.
Philosophes d’un soir, ou buveurs de soute,
Se secouent le derme, jusqu’au lit câlin.
Je fais le vœu pieu, qu’un jour, dans les cieux,
Je n’sois pas privé de mes libertés.
Qu’en six-pieds-sous-terre, j’aie encore l’aisance,
De lever mon verre, et ram’ner ma science.
Stratobistrot
